Comment les agriculteurs peuvent éviter le robot bashing et prendre de l'avance
Alors que l'automatisation continue de perturber l'industrie agricole, les producteurs restent concentrés sur les aspects positifs et se positionnent pour en faire davantage.
Les technologies de pointe ont officiellement fait leur entrée à la ferme. Des robots de désherbage aux tracteurs équipés de GPS, en passant par les robots de traite et les drones, l'automatisation accomplit certaines des tâches les plus sales et les plus dangereuses de l'agriculture.
Il s'agit de changements importants et tout le monde n'est pas préparé à ce que l'industrie soit à ce point perturbée. Bien qu'il puisse être tentant de jeter un discrédit sur les robots et de se tourner vers des pratiques familières, ceux qui adoptent la technologie sont bien placés pour évoluer. Daniel Azevedo, Directeur du département produits de base, commerce et technologies chez COPA COGECA, explique comment les agriculteurs peuvent se focaliser sur les aspects positifs et accomplir davantage.
Question: Quelles sont les tendances que vous observez en matière de robots agricoles?
Azevedo: Bien des progrès ont été réalisés au cours des dernières années. Beaucoup de ces technologies ont vu leur prix baisser et sont donc devenues plus accessibles. Dans les années 1970, vous aviez accès au GPS, puis on a commencé à automatiser les choses dans les années 80 et 90. Aujourd'hui, on investit beaucoup dans les drones, les données utilisateurs, les capteurs et les satellites.
Plusieurs robots sont déjà utilisés, notamment des robots d'alimentation du bétail, des robots de nettoyage, des robots de traite. D’énormes investissements ont été réalisés dans les tracteurs automatisés, et le secteur biologique est très intéressé par les robots de désherbage qui permettent d'enlever les mauvaises herbes des champs sans utiliser de produits. Les coopératives agricoles jouent également un rôle important dans l’adoption des robots en aidant les agriculteurs à partager les coûts de l’investissement, en fournissant une assistance technique et des connaissances, et en contribuant à faire respecter les droits relatifs aux données.
Question: Comment les robots sont-ils généralement perçus à la ferme?
Azevedo: Tout le monde s'imagine que les agriculteurs sont contre la technologie, mais ce n'est pas vrai. Ceux qui utilisent des robots les trouvent très utiles. Beaucoup d'agriculteurs font face à une pénurie de main-d'œuvre, et ces technologies permettent de réduire cette pénurie. L'agriculture est un métier difficile. Les conditions de travail peuvent être exigentes. Les robots sont capables de remplacer certaines des tâches courantes qui sont faciles à automatiser, d'améliorer la sécurité et d'aider les agriculteurs à être productifs en les libérant pour effectuer des tâches plus importantes.
Question: Qu'est-ce que le "robot bashing" et que doivent garder à l'esprit les agriculteurs pour éviter de le faire?
Azevedo: Le "robot bashing" est la crainte que les robots ne remplacent les agriculteurs. Or c'est l'agriculteur qui contrôle encore chacune des décisions dans l'exploitation. Le robot est là pour remplacer les tâches qui peuvent être effectuées plus efficacement par un système automatisé. Même en intégrant l'intelligence artificielle ou le machine learning, l'agriculteur reste maître des décisions. Il devra toujours travailler à la ferme. Il a encore de nombreuses autres tâches à accomplir. Il changera son profil professionnel, mais c'est lui qui est aux commandes de cette décision.
Question: Pourquoi les agriculteurs s'opposent-ils à ces technologies?
Azevedo: L'une des principales raisons pour lesquelles les agriculteurs n'utilisent pas de robots est qu'ils se demandent si la technologie va leur permettre de rentabiliser l'investissement qu'ils ont fait. Auront-ils un retour sur investissement? Ce rendement sera-t-il suffisant? Et je pense que c'est en effet important. La technologie doit permettre à l'agriculteur de rentabiliser son investissement car c'est lui qui prend le risque. Certaines nouvelles technologies n'ont pas fait leurs preuves, ce qui rend les agriculteurs réticents. Il y a aussi la crainte qu'avoir recours à la technologie signifie supprimer des emplois.
Question: Comment les agriculteurs peuvent-ils éviter le « robot bashing »et adopter ces technologies émergentes?
Azevedo: Quand on y pense, c'est assez incroyable toute la technologie de pointe qui a été utilisée pour apporter des aliments délicieux et nutritifs dans votre assiette. À mesure que l'industrie devient de plus en plus high-tech, les agriculteurs peuvent y voir un moyen d'attirer de nouveaux talents. Il est très positif que les robots puissent contribuer à améliorer le rendement et en même temps, réduire une partie de l'impact sur l'environnement. Grâce au suivi des données, les agriculteurs peuvent utiliser la bonne quantité d'intrants et les appliquer avec plus de précision.
Lorsque vous disposez de la technologie, vous pouvez programmer vos tâches. Cela permet aux agriculteurs d'avoir plus de flexibilité pour programmer leur travail et d'être plus disponibles pour leur famille. C'est le cas pour ceux qui utilisent des robots de traite, par exemple : ils indiquent ne pas avoir besoin de se réveiller à 5 heures du matin pour traire les vaches car ils disposent pour cela d'un système automatisé. Bien entendu, ils doivent contrôler le système, mais ils peuvent prendre le petit déjeuner avec leurs enfants avant qu'ils n'aillent à l'école. Certains agriculteurs disent qu'ils en sont venus à compter tellement sur ces systèmes qu'ils ont oublié d'aller vérifier les animaux.
De plus en plus d'agriculteurs dans le monde utilisent ces systèmes, donc ceux qui n'utilisent pas les nouvelles technologies resteront à la traîne. Il est important que les agriculteurs utilisent les technologies pour être compétitifs dans le monde, mais aussi pour respecter le nouveau cadre défini dans des initiatives comme le New Green Deal. L'accès à la technologie était l'un des facteurs qui ont permis aux agriculteurs européens à réduire leurs émissions de 25% depuis 1990, tout en améliorant la productivité de 20%. La technologie est importante pour que les agriculteurs soient compétitifs partout dans le monde, mais aussi pour répondre aux demandes de nos concitoyens.
"Comment passer du « robot bashing » au « robot loving » pour le consommateur finale ?"
Suivez la table ronde au FIRA 2020, le 8 décembre, avec :
Daniel Azevedo, Director Commodities, Trade and Technology à COPA COGECA
Christophe BONNO,Groupement Les Mousquetaires- Intermarché, Director of Agricultural Institutional Relations
Ole GREEN, Founder & CEO of AGROINTELLI Professor at Aarhus University, Dept. of AgroEcology
Le 11/09/2020
Comment les agriculteurs peuvent éviter le robot bashing et prendre de l'avance
Alors que l'automatisation continue de perturber l'industrie agricole, les producteurs restent concentrés sur les aspects positifs et se positionnent pour en faire davantage.
Les technologies de pointe ont officiellement fait leur entrée à la ferme. Des robots de désherbage aux tracteurs équipés de GPS, en passant par les robots de traite et les drones, l'automatisation accomplit certaines des tâches les plus sales et les plus dangereuses de l'agriculture.
Il s'agit de changements importants et tout le monde n'est pas préparé à ce que l'industrie soit à ce point perturbée. Bien qu'il puisse être tentant de jeter un discrédit sur les robots et de se tourner vers des pratiques familières, ceux qui adoptent la technologie sont bien placés pour évoluer. Daniel Azevedo, Directeur du département produits de base, commerce et technologies chez COPA COGECA, explique comment les agriculteurs peuvent se focaliser sur les aspects positifs et accomplir davantage.
Question: Quelles sont les tendances que vous observez en matière de robots agricoles?
Azevedo: Bien des progrès ont été réalisés au cours des dernières années. Beaucoup de ces technologies ont vu leur prix baisser et sont donc devenues plus accessibles. Dans les années 1970, vous aviez accès au GPS, puis on a commencé à automatiser les choses dans les années 80 et 90. Aujourd'hui, on investit beaucoup dans les drones, les données utilisateurs, les capteurs et les satellites.
Plusieurs robots sont déjà utilisés, notamment des robots d'alimentation du bétail, des robots de nettoyage, des robots de traite. D’énormes investissements ont été réalisés dans les tracteurs automatisés, et le secteur biologique est très intéressé par les robots de désherbage qui permettent d'enlever les mauvaises herbes des champs sans utiliser de produits. Les coopératives agricoles jouent également un rôle important dans l’adoption des robots en aidant les agriculteurs à partager les coûts de l’investissement, en fournissant une assistance technique et des connaissances, et en contribuant à faire respecter les droits relatifs aux données.
Question: Comment les robots sont-ils généralement perçus à la ferme?
Azevedo: Tout le monde s'imagine que les agriculteurs sont contre la technologie, mais ce n'est pas vrai. Ceux qui utilisent des robots les trouvent très utiles. Beaucoup d'agriculteurs font face à une pénurie de main-d'œuvre, et ces technologies permettent de réduire cette pénurie. L'agriculture est un métier difficile. Les conditions de travail peuvent être exigentes. Les robots sont capables de remplacer certaines des tâches courantes qui sont faciles à automatiser, d'améliorer la sécurité et d'aider les agriculteurs à être productifs en les libérant pour effectuer des tâches plus importantes.
Question: Qu'est-ce que le "robot bashing" et que doivent garder à l'esprit les agriculteurs pour éviter de le faire?
Azevedo: Le "robot bashing" est la crainte que les robots ne remplacent les agriculteurs. Or c'est l'agriculteur qui contrôle encore chacune des décisions dans l'exploitation. Le robot est là pour remplacer les tâches qui peuvent être effectuées plus efficacement par un système automatisé. Même en intégrant l'intelligence artificielle ou le machine learning, l'agriculteur reste maître des décisions. Il devra toujours travailler à la ferme. Il a encore de nombreuses autres tâches à accomplir. Il changera son profil professionnel, mais c'est lui qui est aux commandes de cette décision.
Question: Pourquoi les agriculteurs s'opposent-ils à ces technologies?
Azevedo: L'une des principales raisons pour lesquelles les agriculteurs n'utilisent pas de robots est qu'ils se demandent si la technologie va leur permettre de rentabiliser l'investissement qu'ils ont fait. Auront-ils un retour sur investissement? Ce rendement sera-t-il suffisant? Et je pense que c'est en effet important. La technologie doit permettre à l'agriculteur de rentabiliser son investissement car c'est lui qui prend le risque. Certaines nouvelles technologies n'ont pas fait leurs preuves, ce qui rend les agriculteurs réticents. Il y a aussi la crainte qu'avoir recours à la technologie signifie supprimer des emplois.
Question: Comment les agriculteurs peuvent-ils éviter le « robot bashing » et adopter ces technologies émergentes?
Azevedo: Quand on y pense, c'est assez incroyable toute la technologie de pointe qui a été utilisée pour apporter des aliments délicieux et nutritifs dans votre assiette. À mesure que l'industrie devient de plus en plus high-tech, les agriculteurs peuvent y voir un moyen d'attirer de nouveaux talents. Il est très positif que les robots puissent contribuer à améliorer le rendement et en même temps, réduire une partie de l'impact sur l'environnement. Grâce au suivi des données, les agriculteurs peuvent utiliser la bonne quantité d'intrants et les appliquer avec plus de précision.
Lorsque vous disposez de la technologie, vous pouvez programmer vos tâches. Cela permet aux agriculteurs d'avoir plus de flexibilité pour programmer leur travail et d'être plus disponibles pour leur famille. C'est le cas pour ceux qui utilisent des robots de traite, par exemple : ils indiquent ne pas avoir besoin de se réveiller à 5 heures du matin pour traire les vaches car ils disposent pour cela d'un système automatisé. Bien entendu, ils doivent contrôler le système, mais ils peuvent prendre le petit déjeuner avec leurs enfants avant qu'ils n'aillent à l'école. Certains agriculteurs disent qu'ils en sont venus à compter tellement sur ces systèmes qu'ils ont oublié d'aller vérifier les animaux.
De plus en plus d'agriculteurs dans le monde utilisent ces systèmes, donc ceux qui n'utilisent pas les nouvelles technologies resteront à la traîne. Il est important que les agriculteurs utilisent les technologies pour être compétitifs dans le monde, mais aussi pour respecter le nouveau cadre défini dans des initiatives comme le New Green Deal. L'accès à la technologie était l'un des facteurs qui ont permis aux agriculteurs européens à réduire leurs émissions de 25% depuis 1990, tout en améliorant la productivité de 20%. La technologie est importante pour que les agriculteurs soient compétitifs partout dans le monde, mais aussi pour répondre aux demandes de nos concitoyens.
"Comment passer du « robot bashing » au « robot loving » pour le consommateur finale ?"
Suivez la table ronde au FIRA 2020, le 8 décembre, avec :
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