Le 26/03/2025

Les avantages et opportunités des robots en polyculture

Les agriculteurs en polyculture partagent leurs perspectives au World FIRA 2025

L'agriculture mixte représente environ 34 % de l'activité agricole en Europe et 40 % en France. Ce modèle, aussi appelé polyculture-élevage, désigne les exploitations combinant cultures et élevage.

Les agriculteurs en polyculture font face à des défis complexes, notamment lorsque les activités de culture et d’élevage se chevauchent. Lors du World FIRA 2025, quatre exploitants ont partagé leurs expériences sur les solutions robotiques qu’ils utilisent et les défis que les fabricants de robots agricoles pourraient encore relever.

Les robots au service de l’agriculture : traite, binage et tracteurs autonomes

Tous utilisent déjà des robots pour améliorer l’efficacité et la rentabilité de leur exploitation. Sébastien Albouy, éleveur laitier avec 90 vaches, utilise un robot de traite depuis 17 ans.

"Nous avons hésité longtemps avant d’investir, de peur qu’il ne soit pas rentable ou qu’il ne dure pas. Mais ce robot a transformé notre ferme, tant pour le bien-être des animaux que pour la rentabilité. Certes, il y a un coût initial, mais les études économiques montrent que les exploitations équipées de robots de traite sont plus productives."

Il souligne l'importance d'adopter une approche ouverte au changement :

"Les animaux s’adaptent souvent plus vite que l’éleveur ! Un robot ne remplace pas simplement une machine à traire, il permet aussi d’organiser autrement la traite et le suivi du troupeau."

De son côté, Florent Barthes, qui cultive 235 hectares de tournesols, pois chiches et élève 80 vaches allaitantes en bio, utilise un robot de binage de Naïo Technologies.

"La première année, il n’a fait que du binage. Mais dès la deuxième, il a travaillé une parcelle entière de 12 hectares, de la levée jusqu’au binage final."

Il explique que le robot est particulièrement utile en période de fenaison :

"On ne peut pas être partout. Avant, le binage était souvent négligé, car on devait s’occuper du foin au bon moment. Maintenant, le robot s’en charge."

Les robots de binage sont particulièrement rentables en agriculture biologique, comme l’explique Bernard Ader, exploitant sur 530 hectares :

"Sans herbicides, un désherbage insuffisant devient vite un problème. Un robot qui bine régulièrement entre les rangs permet de minimiser l’impact des adventices."

Maxime Algans, cultivateur de 150 hectares, a adopté un tracteur autonome en 2024 :

"Les robots permettent d’effectuer des tâches répétitives comme la traite, le travail du sol ou le binage, sans mobilisation permanente de main-d’œuvre. Et surtout, ils fonctionnent 24h/24, ce qui améliore la productivité."

La pénurie de main-d’œuvre, un défi majeur

Le manque de travailleurs qualifiés est un problème récurrent, amplifié en polyculture-élevage lors des périodes de pointe.

Maxime Algans témoigne :

"Quand trop de tâches s’accumulent en même temps, on prend du retard. Une année, je n’ai pas pu finir les semis de blé dur faute de main-d’œuvre. Or, économiquement, cela a un impact direct sur mon exploitation."

Pour Sébastien Albouy, la main-d’œuvre est aussi un problème au quotidien :

"Même avec un robot de traite, certaines tâches restent incontournables matin et soir, comme l’alimentation des veaux ou le curage des bâtiments. Mais il devient de plus en plus difficile de trouver des employés."

Florent Barthes souligne la complexité de la formation des travailleurs :

"Former quelqu’un prend du temps et si l’on embauche une personne autonome, il faut accepter qu’elle prenne des décisions différentes des nôtres."

Ce que les agriculteurs attendent des fabricants de robots

Les agriculteurs présents ont exprimé plusieurs attentes envers les fabricants de robots agricoles :

  • Surveillance du bétail : des drones ou capteurs pour repérer les vaches en vêlage et assurer le suivi des veaux.
  • Automatisation de la fenaison : des robots capables de manipuler le foin.
  • Réduction du gaspillage d’engrais : optimiser la précision de l’épandage.
  • Lutte contre les espèces invasives : Florent Barthes souhaiterait un robot capable d’éliminer le rumex de ses champs.

Ils insistent aussi sur la nécessité de machines plus légères et éco-énergétiques pour éviter la compaction des sols.

Enfin, le débat s'est conclu sur l'importance de renforcer la collaboration entre agriculteurs, chercheurs et fabricants pour développer des solutions toujours plus adaptées aux réalités du terrain.

Voir le débat en intégralité

La table ronde est disponible en français et en anglais sur la chaîne YouTube du FIRA Forum. D'autres discussions seront publiées dans les prochaines semaines.

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Catégories : #Filières
Auteur
  • Megan Denny
    GOFAR : Freelance Copywriter