Les doigts dans la terre: les révolutions agricoles

Une rétrospective historique

François PURSEIGLE dresse un paysage historique de l’agriculture et de ses avancées technologiques. La place des paysans au 19ème siècle est absolument centrale, avec la création du Ministère de l’Agriculture qui visait à les accompagner aux progrès technologiques, mais également la création de lycées agricoles. La France modernise ses campagnes, l’innovation technique est au cœur du développement de ces dernières. Les agriculteurs qui s’approprient les nouvelles technologies sont reconnus comme méritants.

Les technologies comme vecteur d’émancipation sociale

Au milieu du 20 ème siècle, l’émancipation sociale passera par l’introduction du tracteur, c’est ce dont sont convaincus les pays et les pouvoirs publics. Le passage de la ferme familiale à l’exploitation comme outil de production, était en marche et ce grâce à l’innovation technologique. Un processus nécessaire pour faire face au manque de nourriture après la 2nde Guerre Mondiale, et accompagné par la revue « Paysan » qui montre les nouveaux outils mécaniques en une. La stratégie française se base alors sur la modernisation des exploitations de taille moyenne, comme le montre les lois d’orientation agricole du Ministre Pisani en 1960-62.

L’agriculteur, le polytechnicien

L’introduction de nouvelles technologies dans les exploitations oblige l’agriculteur à enfiler plusieurs casquettes. L’agriculteur moderne n’est plus seulement dans son champ, il doit gérer son exploitation comme une entreprise à part entière. Dorénavant, il n’est plus seul et une forme de coopération se met en place via une « agriculture de groupe » qui vise à favoriser le travail en commun (prêt de machine, mise en commun des moyens de production, groupement de producteurs, CETA). « L’innovation n’est possible que par le groupe » selon François PURSEIGLE.

Les agriculteurs d’aujourd’hui : une minorité.

De nos jours, il n’y a jamais eu aussi peu d’agriculteurs en Europe. On assiste à une diminution de la population familiale agricole, processus contraire à ce qui s’est passé lors de la modernisation, c’est-à-dire la recrudescence de l’exploitation familiale. On est passé de la ferme familiale à l’exploitation comme outil de production, pour arriver à une « efflorescence » d’entreprises et l’éclatement du type d’exploitation, au profit des petites et grandes exploitations. Mais alors la question qui se pose aujourd’hui est : quelles innovations et pour quelles agricultures ? Pour qui veut-on travailler ?

Des nouvelles attentes sociétales

De nouvelles innovations technologiques sont attendues pour faire face à ces nouvelles attentes. On ne voit plus les campagnes comme « un lieu de production ». Et l’agriculture fait face à un choc des rationalités, explique le sociologue : la rationalité économique des agriculteurs versus la rationalité environnementale. On attend que l’innovation technologique soit la solution aux controverses qui ont frappé le monde agricole (les OGMs, la consommation de viande…). L’innovation ne va plus forcément de-soi, le rapport à celles-ci a changé : on retire même parfois certaines innovations face aux controverses qu’elles suscitent.

L’innovation agricole a été accompagnée par tout un écosystème d’organisations (les syndicats, les coopératives, les banques). Comment l’innovation dans le futur va-t-elle se structurer ? Autour de quelles organisations ? L’innovation arrivera t-elle à accompagner la restructuration des exploitations agricoles ? Les questions sont posées !

Retrouvez l’intervention de François PURSEIGLE au FIRA 2018 ainsi que la table ronde qui l’a suivi.