Le 28/04/2021
Les principaux fabricants de tracteurs révèlent que les capacités autonomes sont déterminées par les agriculteurs
John Deere, AGCO et CNH Industrial innovent pour l'avenir en améliorant la productivité, en offrant de la valeur et en augmentant la rentabilité pour leurs clients aujourd'hui.
Alors que le monde se dirige lentement vers une réalité où les usagers partagent la route avec des voitures autonomes, on parle beaucoup de la manière et du moment où les différents secteurs d'activité bénéficieront d'une autonomie complète. L'agriculture n'échappe pas à cette anticipation. Un grand nombre de startups et de fabricants d'équipements travaillent sur des solutions qui font progressivement pencher la balance vers des tracteurs sans conducteur, des moissonneuses sans surveillance et des flottes entièrement connectées.
Pour le moment, les agriculteurs restent d'un optimisme prudent. C'est indéniable : ne plus avoir besoin de conduire un tracteur ou d'effectuer d'autres tâches pénibles est attrayant. Mais ce qui est souvent plus attrayant à l'heure actuelle, c'est d'investir dans des technologies fiables qui résolvent les problèmes auxquels les producteurs sont confrontés au quotidien. La mission des entreprises de robotique et de technologie agricoles est de produire des résultats.
Ce sujet a été exploré en détails lors de la table ronde « Comment les principaux fabricants introduisent l'autonomie » à l'occasion du FIRA Open Day 2021. David Frabotta de Meister Media a animé la discussion avec Brett McClelland, Chef de produit - Agriculturede Précision chez CNH Industrial, Andrew Sunderman, Senior Manager, Global Farming Solutions pour AGCO Corporation, et Kent Brown, Chef de produit principal - Harvesting Automation pour John Deere. Les trois panélistes ont discuté de la manière dont ces entreprises historiques de fabrication abordent la recherche de clients, le développement de produits et la voie vers des solutions autonomes.
Développer des solutions personnalisables pour les exploitations autonomes
« Vous devez comprendre les activités du client et savoir connaître le positionnement unique de votre entreprise pour résoudre ces problèmes », affirme McClelland. « Nos clients viennent chez nous à la recherche de solutions de productivité pour devenir plus efficaces. Un grand nombre de solutions que nous examinons actuellement visent à rendre l'équipement plus intelligent. »
Selon McClelland, l'accent mis sur l'efficacité est la raison pour laquelle une exploitation entièrement autonome a le potentiel de changer la donne pour l'industrie. Cela libérera beaucoup de temps supplémentaire. Étant donné que les entreprises d'équipement et de technologie doivent travailler davantage avant de commercialiser ces innovations robustes, beaucoup choisissent de se concentrer sur le développement de solutions qui améliorent les choses maintenant, tout en rapprochant progressivement les agriculteurs de cet objectif de haut niveau.
Cela s'explique notamment par le fait que toutes les exploitations ne sont pas prêtes pour une autonomie totale. Chaque ferme a des besoins uniques qui nécessitent des technologies et des considérations différentes. Heureusement, les producteurs n'hésitent pas à faire part de ces besoins à leurs fournisseurs. Les entreprises prennent en compte ce feedback et créent des solutions personnalisables.
« Nous offrons aux clients des options afin qu'ils puissent vraiment personnaliser la machine en fonction de leurs tâches et de leur fonctionnement », explique Sunderman. « Je pense que c'est important car cela permet aux clients de mettre à niveau la machine tout au long du cycle de vie du produit en leur possession. Ainsi, au fur et à mesure que nous élaborons notre technologie et qu'ils développent leur entreprise, ils peuvent intégrer ces technologies à valeur ajoutée pour répondre à leurs pratiques agricoles en constante évolution et à leurs besoins croissants."
Les agriculteurs sont férus de technologie ... si elle apporte une valeur ajoutée
Une autre raison essentielle pour les startups et les équipementiers d'intégrer l'adaptabilité dans leurs solutions est que les attentes des agriculteurs évoluent elles aussi. De nouvelles priorités se révèlent au fil du temps.
« Nous commençons vraiment à voir moins d'intérêt pour certaines des caractéristiques classiques d'une machine, comme la puissance en chevaux ou la taille des pneus » dit Sunderman. « Au lieu de cela, les clients posent des questions sur les résultats ou disent qu'ils recherchent une machine, un outil ou un instrument pour faire certaines choses. Ils veulent savoir si cette solution permettra d'obtenir un résultat plus précis que ce qui est déjà fait pour augmenter le rendement et réduire les déchets. Je pense que ceux sont les caractéristiques qui continuerons à être le plus adoptées, car, en fin de compte, le client n'envisagera pas une machine sans elles. »
Tout revient à fournir de la valeur. Si une machine apporte de la valeur, les agriculteurs apprendront à l'utiliser. La perception des professionnels de l'agriculture à l'ancienne qui se braquent devant l'innovation devient très vite obsolète.
« Les agriculteurs sont brillants et ils sont férus de technologie », affirme Brown. « Ils sont avides de cette technologie. Mais lorsque nous examinons une technologie de pointe, nous ne devons pas non plus nous attendre à ce que cent pour cent de la clientèle l'adopte. Les marges d'un agriculteur peuvent varier considérablement et il veut s'assurer que les fonctions d'automatisation peuvent lui apporter de la valeur. »
Le juste équilibre entre autonomie et pleine autonomie
S'il y a un obstacle principal sur la voie de l'automatisation complète de l'industrie agricole, c'est le coût. Selon Brown, la ruée vers la normalisation crée souvent un fardeau pour les exploitations soucieuses de rentabilité. La valeur que procurent les nouvelles technologies peut être réduite par un prix élevé. C'est une situation complexe que de nombreuses entreprises utilisent comme une occasion de renforcer leur engagement envers leurs clients en les rencontrant là où ils se trouvent.
« Nos clients sont prêts pour de nombreux niveaux de technologie différents, mais je pense qu'il est important de faire correspondre ce que nous faisons aujourd'hui avec ce que nous avons prévu pour l'avenir », dit Sunderman. « Que l'on parle d'automatisation ou d'autonomie complète, il s'agit d'une technologie qui a un coût très élevé par rapport à ce qui est utilisé aujourd'hui dans une exploitation agricole.
« C'est là que nous devons vraiment cibler ces développements et travailler avec nos clients pour comprendre les principaux défis auxquels ils sont confrontés, les choses qui les empêchent de dormir la nuit », poursuit-il. « Nous devons d'abord résoudre ces problèmes, car ce sont ceux pour lesquels le coût de cette technologie très avancée offrira aux clients un avantage tangible. »
Photo une : @AEM