Le 06/01/2021
Marché australien de la robotique agricole : les robots en projet - PARTIE 2
Precision Makers, SwarmFarm, Milking Edge... Découvrez-en plus sur les études de cas et les essais de robots agricoles en Australie.
Étude de cas N° 1 – ‘Beefwood Farms’ : les essais et les tribulations d'un système automatisé sans conducteur
Située entre Goondiwindi (Qld - Queensland) et Moree (NSW - Nouvelle-Galles du sud), Beefwood Farms est une agrégation de six propriétés voisines desservies à partir d'une seule zone d'ateliers. Gerrit et Pam Kurstjens ont acheté la propriété en 2006 et gèrent aujourd'hui une exploitation de 12000 ha. Ayant constaté au cours des dix dernières années que la pulvérisation optique localisée présentait de grands avantages, Gerrit cherchait à améliorer l'efficacité des jachères. Gerrit affirme : « il est extrêmement difficile et coûteux de trouver de la main-d'œuvre ; les pulvérisateurs ponctuels peuvent être remplis mais ils doivent être ensuite déplacés 24 heures sur 24 pendant des semaines pour couvrir toute notre propriété. Pour cette raison, force était de constater qu'un système autonome permet vraiment de gagner en efficacité ». Gerrit et l'équipe de Beefwood ont l'un des très rares systèmes commerciaux au monde à adopter un dispositif de tracteur autonome dans leur entreprise agricole.
'Precision Makers' est une entreprise néerlandaise qui avait développé un système autonome sans conducteur pour les tondeuses à gazon, et qui a pu le modifier et installer le logiciel nécessaire pour l'adapter au tracteur Fendt 936 Vario que Gerrit possédait alors. ‘Precision Makers’ a également installé le système sur un tracteur John Deere 8345 acheté pour la ferme. Gerrit observe : « nous avions constaté que la technologie autonome présentait d'énormes avantages : nous pouvions mettre en place un système de pulvérisation ponctuel et n’avions qu’à rentrer à la maison pour le surveiller. Les machines autonomes sont devenues une solution économique pour un travail qui est souvent considéré comme non rentable. L'équipe de ‘Beefwood’ s'est également servie d'un tracteur autonome pour la rénovation de sa voie de tramway agricole à circulation contrôlée ».
En 2019, ‘Precision Makers’ a été racheté et n'a plus soutenu le système autonome en matière d'équipements de grande surface : « nous recherchons désespérément une autre entreprise, idéalement plus proche de chez nous, qui puisse entretenir et soutenir nos machines », a déclaré Gerrit. Selon le Dr Rohan Rainbow, confrère du secteur, les obstacles résultent « de problèmes tels que l'énorme contrainte liée à l'éloignement par rapport à l'Europe pour entretenir l'équipement à ‘Beefwood’, le manque de connectivité par téléphone mobile pour l'assistance à distance, le manque de micro-logiciel du tracteur et de compatibilité ISOBus, ainsi que le risque juridique d'un fonctionnement sans aucune réglementation ni Code de pratique pour le secteur. Comme de nombreux agriculteurs australiens, Gerrit a reçu le projet de Code de pratique pour l'autonomie et aura l'occasion de faire part de ses commentaires '', avant d’ajouter « nous espérons que c'est un pas vers ‘Beefwood Farms’ qui lui permettra d'utiliser de nouveau la technologie autonome dont ils ont pu voir tout l'intérêt ».
Étude de cas N°2 - Un nouveau concept pour l'éclaircissage des fleurs dans les vergers de pommiers
‘SwarmFarm’ est l'une des rares entreprises au monde à avoir livré des robots autonomes aux agriculteurs : plus de 200 000 acres ont été pulvérisés, fauchés ou désherbés commercialement avec leurs robots. Les SwarmBots développés par ‘SwarmFarm’ sont adaptables à différentes fonctions agricoles, et peuvent œuvrer de façon indépendante ou en « essaim » à l'unisson avec d'autres SwarmBots. Cette adaptabilité est ce qui les rend parfaits pour un porteur autonome de différentes technologies. C'est pourquoi ils ont établi un partenariat avec ‘Green Atlas’, le fournisseur de matériel et de logiciels qui fait des progrès très prometteurs dans les vergers de pommiers.
L'équipe de ‘SwarmFarm’ a mis au point un nouveau concept pour les vergers de pommiers appelé ‘VTA’ - Variable Timing of Application (distribution variable d'application). Le projet SwarmFarm est réalisé dans des vergers de pommiers de Batlow (Nouvelle-Galles du Sud) en collaboration avec des partenaires tels que l'Université de Nouvelle-Galles du Sud (UNSW), Adama, Apple and Pear Australia Ltd (APAL) et Hort Innovatione. Il vise à identifier le stade de floraison d'arbres individuels en utilisant le concept d'application de produits d'éclaircissage au moment le plus opportun pour chaque arbre individuel dans le verger.
Les pommiers sont variables : chaque année, ils produisent des volumes de fleurs différents, ce qui entraîne un rendement variable en fruits. Les producteurs sur le marché recherchent une approche plus automatisée et plus ciblée des régimes d'éclaircissage des fleurs, afin d'aider à surmonter les difficultés et les coûts liés à l'approvisionnement en main-d'œuvre pour l'éclaircissage manuel. L'autre défi pour les producteurs consiste à déterminer correctement le moment de l'application du produit chimique d'éclaircissage, car la durée de floraison est également très variable dans un verger.
C'est en gardant ces points de pression à l'esprit que l'équipe développe un système de caméra qui parcourt chaque rangée en photographiant chaque arbre pour générer une carte des « stades de floraison ». Cela a été rendu possible grâce à la formation d'un algorithme comparant les données collectées par les caméras avec les évaluations de la floraison dans des zones spécifiques du terrain. Jusqu'à présent, la cartographie est d'une « précision étonnante » selon le Dr Mark Whitty. Ces cartes sont traitées et analysées pour produire une carte d'application qui cible uniquement les arbres spécifiques du verger qui ont besoin d'être éclaircis le jour de l'application. Ainsi, plutôt que de traiter tout le verger en même temps, on peut, en variant le moment de l'application, cibler des arbres individuels et appliquer des produits chimiques et primaires d'éclaircissage au bon stade de croissance.
2020 est la troisième saison de collecte des données dans le verger. La confiance est grande dans la détection de la floraison, de la pointe verte à la chute des pétales. Les personnes qui travaillent sur le projet cherchent désormais à pouvoir détecter la variabilité au stade du fruit. Le Dr Mark Whitty affirme « nous pouvons maintenant fournir des données quasiment en temps réel » ; contrairement au début du projet où le processus hors ligne prenait des heures. Les cartes de floraison variable montrent également des avantages pour les producteurs lorsqu'ils demandent des conseils en agronomie, les agronomes pouvant commenter les décisions de pulvérisation sans avoir à se rendre dans le verger.
Pour plus d'informations : http://www.robotics.unsw.edu.au/srv/project/apple-sensing.html
Étude de cas N° 3 – ‘Milking edge’ : un programme de formation et d’extension pour la traite automatique en Australie
L'industrie laitière australienne s'est engagée à soutenir les investissements et le bon fonctionnement des systèmes de traite automatisés / robotiques (AMS). ‘Milking Edge’ est un projet de trois ans, fruit d'une collaboration entre le département des industries primaires de la Nouvelle-Galles du Sud, Dairy Australia et DeLaval. Ce projet vise à aider le secteur à investir et à exploiter avec succès les AMS.
La première technologie laitière robotisée est arrivée en Australie en 2001, après avoir été adoptée aux Pays-Bas. Depuis, plus de 50 exploitations agricoles des principales régions laitières ont investi dans la technologie AMS. En 2004, le projet collaboratif ‘Future Dairy’ est lancé, piloté et financé par l'industrie, et en 2006, la première laiterie de recherche sur la traite automatique est créée à Camden, Nouvelle-Galles du sud. ‘Future Dairy’ était responsable de la recherche et du développement des systèmes de traite automatique : le projet s'est alors penché sur la façon dont les producteurs laitiers australiens peuvent réussir à mettre en œuvre des systèmes AMS lors des pâturages, et que cela profite manifestement aux vaches et aux humains.
S'appuyant sur une décennie de recherche et de développement menée avec succès par ‘Future Dairy’, ainsi que sur l'expérience de près de 50 fermes commerciales en Australie qui ont décidé d'investir dans cette technologie, le projet ‘Milking Edge’ permettra de prendre de meilleures décisions concernant la prise en compte, l'achat et la mise en œuvre des AMS.
L'un des résultats du projet est l'élaboration de huit modules de formation en ligne, dont trois sont déjà disponibles et quatre le seront très prochainement. Les modules sont gratuits et couvrent des sujets tels que l'infrastructure, le travail, l'économie et la gestion de la reproduction.
Le projet est piloté par Nicolas Lyons, Jess Maloney (Département des industries primaires) et Juan Gargiulo (Université de Sydney) qui travailleront en étroite collaboration avec les principaux acteurs de l'industrie laitière en Australie et à l'étranger. Nicolas Lyons indique : « nous sommes convaincus que l'extension de ce projet contribue grandement à l'adoption réussie des AMS en Australie. Nous avons une relation de travail plus étroite avec 65% des fermes qui utilisent cette technologie. A l'avenir, nous espérons pouvoir utiliser les 120 points de données recueillis au moment de la traite pour améliorer et automatiser davantage le processus de traite ».
Cliquez sur les liens pour en savoir plus et visionner une vidéo décrivant le projet d'extension :
- Page Facebook du Département des industries primaires de Nouvelle-Galles du sud sur l'initiative ‘Dairy’ : www.facebook.com/nswdpidairy
- Site web du Département des industries primaires de Nouvelle-Galles du sud sur le ‘Precision Dairy Farming’ : https://bit.ly/nswdpidairyweb